top of page

Relation d’emprise : comprendre le processus de destruction de l’estime de soi


ree

Si l’on peut trouver une blessure profonde et commune entre toutes les personnes ayant vécu une relation d’emprise, c’est la dégradation progressive de l’estime et de la confiance en soi. Qu’il soit subtil, explicite et/ou violent, le message transmis au fil du temps devient celui d’un « tu n’es jamais assez / tu es toujours trop » : jamais assez aimant, patient, disponible, compréhensif… et/ou toujours trop exigeant, sensible, présent, distant. Ce double lien crée une confusion intérieure et un doute permanent: quoique la personne fasse, ce n’est jamais comme ça qu’il aurait fallu faire ou être. Elle finit par se sentir fautive, inadéquate, inadaptée, coupable, impuissante à bien faire et surtout incapable d’être à la hauteur.



Le mécanisme du “jamais assez / toujours trop” : une stratégie d’emprise émotionnelle


L’emprise s’installe rarement d’un seul coup car si cela était le cas, la victime prendrait conscience des mécanismes qui se mettent en place. L'emprise se construit progressivement, subtilement, souvent dans une relation où la dépendance affective ou la peur de décevoir est exploitée. Il est important de garder en tête que la victime “ a été choisie” pour ses valeurs et ses principes et que souvent cette volonté de bien faire, “d’être à la hauteur des attentes” finit par desservir celui ou celle qui a à coeur de faire son maximum pour l’autre. 


Le manipulateur ou la manipulatrice alterne valorisation et dévalorisation, créant une confusion émotionnelle permanente. Après des débuts souvent marqués par une idéalisation “tu es parfait.e pour moi”, “jamais je n’aurais pu imaginer trouver quelqu’un comme toi”, viennent les critiques, les comparaisons et les reproches plus ou moins flous. A noter que ces éléments sont tout à fait transposables au niveau amical, familial ou professionnel: “tu es le frère / la soeur  que je n’ai jamais eu.e”, “tu es l’enfant que tout parent rêve d’avoir”, “vous êtes le collaborateur parfait”.


Peu à peu, la personne qui a été "portée aux nues" et qui a glissé dans le mécanisme d'emprise intériorise la critique. Il ne s’agit plus seulement d’un jugement extérieur : c’est sa propre voix intérieure qui reprend le refrain du “jamais assez / toujours trop”. En séance, je prends souvent l'image d'un procureur intérieur qui martèle reproches et propos malveillants à l'attention même de la personne: "un persécuteur intérieur".


Ce processus psychique conduit la personne à s’auto-surveiller, à douter de ses perceptions et à remettre constamment en question sa légitimité et ses compétences.

A partir de ce moment, le socle de référence de la personne devient perméable et soumis aux aléas des humeurs et des manoeuvres de la personne manipulatrice. Ce phénomène est d'autant plus délétère que cette dernière a oeuvré en amont pour isoler sa victime la rendant ainsi plus vulnérable à ses critiques.



Comment l’emprise altère l’estime et la confiance en soi


Sur le plan psychologique, l’emprise provoque un effritement progressif de l’identité. Même s’il existe plusieurs définitions de l’estime de soi, globalement on peut identifier trois piliers sur lesquels elle se base :

  • la confiance en ses compétences (le sentiment d’efficacité personnelle),

  • la vision positive de soi-même,

  • le sentiment d’être digne d’amour.


Dans une relation toxique, chacun de ces piliers est attaqué.


  • La confiance en ses compétences est minée par les remarques constantes : “tu fais tout de travers”, “je ne peux jamais compter sur toi”, “je ne t’ai jamais demandé de faire ça”...  La personne finit par douter de son jugement, de ses capacités, voire de son intelligence au sens large, y compris son intelligence émotionnelle.

  • La vision de soi est altérée : l’autre devient le seul référent et son regard prend valeur de vérité. L’image de soi se construit alors sur le rejet, la critique et le mépris.

  • Le sentiment d’être digne d’amour est érodé : “si je suis toujours critiqué.e, c’est que je dois être le problème”. Le lien affectif devient alors une source de souffrance, mais aussi de dépendance émotionnelle car la personne espère encore regagner l’amour perdu, cette connexion magique du départ qu’elle pense avoir gâchée de par son incompétence ou incapacité à “faire bien les choses”.


Cette dissonance cognitive (entre l’amour espéré et la douleur vécue) entretient la confusion et retarde souvent la prise de conscience de l’emprise.



Les conséquences : un discours intérieur hostile et culpabilisant


Lorsque la relation prend fin, le discours de l’autre continue de résonner. Les remarques dévalorisantes quasi permanentes laissent une empreinte profonde marquant durablement la relation que la victime entretient avec elle-même. Même à distance du manipulateur, la personne garde une voix critique interne (// procureur intérieur) : “tu aurais dû faire plus”, “tu es trop exigeant.e”, “tu n’y arriveras pas seul.e”. Ce dialogue intérieur négatif entretient la culpabilité et empêche la reconstruction.


D’un point de vue psychologique, on peut voir ce phénomène comme un conditionnement émotionnel. Le cerveau, habitué à chercher la validation extérieure, reste en alerte face à la peur du rejet. Certaines personnes décrivent une impression permanente de “marcher sur des œufs” même longtemps après la rupture, comme si la victime avait perdu sa capacité à juger par elle-même.  Retrouver la confiance en soi demande alors un véritable travail de “rééducation émotionnelle”.



Se reconstruire après une relation d’emprise : restaurer l’estime de soi


La reconstruction passe par plusieurs étapes essentielles, que l’accompagnement psychologique peut soutenir.


1. Reconnaître le processus d’emprise


La première étape est de nommer ce qui s’est passé. Comprendre les mécanismes psychologiques en jeu permet de sortir de la culpabilité et de replacer la responsabilité là où elle doit être : sur la personne manipulatrice. La psychoéducation joue ici un rôle fondamental : comprendre, c’est déjà se libérer.


2. Travailler sur le discours intérieur pour renforcer l'estime de soi


Le “jamais assez / toujours trop” doit être remplacé par une voix intérieure bienveillante. Un travail thérapeutique aide à identifier ces pensées automatiques dévalorisantes et à les transformer en affirmations plus justes : “Je fais de mon mieux.”, “J’ai le droit d’être imparfait.e”, “Mon opinion compte.”


3. Revaloriser les compétences et l’autonomie


La confiance en soi se reconstruit en expérimentant à nouveau la réussite, même (et surtout) dans de petites actions. Réapprendre à prendre des décisions, poser des limites, exprimer ses besoins sont autant d’étapes vers la réappropriation de son pouvoir personnel.


4. Réinvestir la relation à l’autre


Après une relation d’emprise, il est fréquent d’avoir peur de s’engager ou de faire confiance. Un accompagnement psychologique permet de décrypter les schémas relationnels et de développer des repères plus sains : respect mutuel, communication claire, équilibre des besoins.



L’accompagnement psychologique : un levier de reconstruction


Être accompagné.e après une relation toxique, c’est bénéficier d’un espace sécurisant pour comprendre, apaiser et reconstruire.


Le travail thérapeutique s’appuie sur :

  • la compréhension des mécanismes d’emprise et de dépendance affective (au sens neurochimique / neuropsychologique du terme).

  • la reconstruction de l’estime de soi,

  • le renforcement des limites personnelles,

  • la reconnexion au corps et aux émotions.


Cet accompagnement ne vise pas seulement à “aller mieux”, mais à retrouver une identité stable, libre de la peur de déplaire ou du besoin constant de validation.



Se libérer du “jamais assez / toujours trop”


Sortir d’une relation d’emprise, c’est réapprendre à s’écouter, à se faire confiance, et à reconnaître sa propre valeur. Le chemin vers la reconstruction demande du temps, de la douceur et un accompagnement adapté. Mais chaque pas vers soi-même est une victoire : celle de ne plus se définir à travers le regard de l’autre, mais à travers son propre sentiment de valeur.



Besoin d’un accompagnement pour reconstruire votre estime et votre confiance après une relation d’emprise ?


Je vous propose un accompagnement psychologique spécialisé pour vous aider à comprendre les mécanismes de l’emprise, à restaurer votre estime de soi et à retrouver un sentiment d’équilibre afin de vous reconnecter à vos besoin et vos envies.


Si vous souhaitez prendre un rendez-vous en visio, cliquez sur ce lien. Pour un rendez-vous en présentiel, contactez-moi à : catherinebellonpsy@gmail.com


Si vous avez un doute sur le comportement d’un.e proche que vous ne reconnaissez plus, attardez-vous à savoir ce qu’il/elle vit. L’écoute et le soutien peuvent constituer un atout indispensable dans cette situation. Le fait de se savoir entendu et compris peut être salutaire pour quelqu’un vivant une relation d’emprise.

 
 
 

Commentaires


bottom of page